P h o t o g r a p h i e
Photographie artistique de portraits masculins
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William Notman, photographe visionnaire
William Notman s’est établi à Montréal en 1856 avec sa famille. Rapidement, il se bâtit un réseau de soutien auprès de la communauté écossaise de Montréal et obtient le soutien financier nécessaire pour démarrer un studio photographique, sans véritable expérience au préalable. À l’avant-garde des grandes tendances, il adopte les meilleures technologies de l’époque et sait innover. Par exemple, il s’intéresse à la production de photographies composites qui fait appel à de grandes équipes de production et qui lui ont donné beaucoup de notoriété. Son approche innovatrice fait de son studio l’Ubisoft du XIX siècle.
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Notman a aussi été un visionnaire de l’utilisation de la photographie pour la production de matériel imprimé dans les magazines et journaux. Il a rapidement vu l’opportunité de produire des photos de paysage de qualité dans des guides touristiques pour inspirer au voyage. Son influence s’est fait sentir partout en Amérique du Nord. Non seulement était-il un artiste et un technicien expert, il était aussi un homme d’affaires accompli et prospère.
L’exposition Notman du Musée McCord présentée durant l’hiver 2017 est un éloge éloquent de l’œuvre et la contribution de Notman.
William Notman est né en Écosse (1826) et décédé à Montréal (1891) à l’âge de 65 ans.
La collection Notman du Musée McCord



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200,000 négatifs sur verre
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400,000 épreuves inscrites dans un registre détaillé et numéroté
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Nombreux tirages originaux.
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Cette collection à peu près complète de l’œuvre de Notman a été achetée en 1953 par un consortium grâce à l’initiative de l’Université McGill et transférée au Musée McCord.
Ce musée a été créé par David Ross McCord en 1921, initialement pour transférer les objets liés à sa collection familiale.
Le Studio Notman: l’approche client avant tout
Le studio est conçu comme un espace théâtral, l’expérience client était soigneusement orchestrée, dès l’arrivée dans le grand vestibule d’entrée.
Les défis techniques de la photo de l’époque imposent de nombreuses contraintes sur l’acte de la prise de photo : c’est en réalité une expérience gênante et difficile pour le client:
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Temps d’exposition long des clichés
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Utilisation de nombreux accessoires pour aider le sujet à stabiliser les mouvements
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Beaucoup de pièces d’équipement encombrants
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Difficulté de prendre des photos avec des enfants
Notman s’est appliqué à facilité le processus de la prise de photo
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Espace d’accueil chaleureux, avec de nombreux exemples de photos réalisées par le studio
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Distribution d’un fascicule avant la rencontre qui offre des conseils pour se préparer, choisir sa tenue vestimentaire
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Met en évidence l’importance de prendre le temps de se mettre dans un état positif, être de bonne humeur
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Valorise la dimension artistique du processus
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Relation modèle / acteur est mis de l’avant pour inspirer le client.
Dès son arrivée à Montréal, Notman cultive une attitude visionnaire pour mettre en place une organisation commerciale incluant un studio, la diffusion des images, avec de nombreux partenaires. Il voit le potentiel pour assurer la promotion du portrait comme outil d’expression de l’identité personnelle et collective. Il met de l’avant une vision artistique claire, qui sera marquante pour son époque: la créativité au service du portrait, des publications. Il demeure à l’affût des innovations techniques. Il utilise une méthode de numérotation et de classification systématique des photographies, qui permet aux chercheurs d’aujourd’hui de continuer d’explorer son œuvre.
Lancement d’un studio photo à Montréal
Procédé photographique
Dès le début de sa carrière, William Notman n’a pas utilisé le processus de daguerréotype populaire à son époque, introduite par l’inventeur français Louis Daguerre en 1839. Ce processus utilise une surface de cuivre polie couverte d’oxyde d’argent préparée avec des fumées pour la rendre sensible à la lumière.
Notman préfère utiliser le processus de collodion humide, découvert par l’inventeur britannique Frederick Scott Archer au début des années 1850, qui requiert l’utilisation d’une plaque de verre avec un revêtement chimique baignant dans une solution de nitrate d’argent. Cette plaque encore humide est placée dans l’appareil photo.
Le procédé daguerréotype permet de produire des images de grande précision sans produire un négatif: l’image finale est le positif. Bien que le processus de collodion était un procédé très fragile (car les plaques humides devaient être chargées dans l’appareil, exposé aux aléas tels la poussière et les égratignures qui pouvait ruiner l’image). La plaque résultante est un négatif et permet de faire des impressions multiples. Le temps d’exposition d’une plaque utilisant le procédé de collodion humide est de 2 à 5 minutes en studio, ce qui oblige les personnages à demeurer immobile en utilisant des poses et des artifices pour réduire le mouvement qui rend les images floues.
À partir de 1871, un nouveau procédé utilisant la gélatine comme substitue au collodion permet la fabrication des émulsions utilisant le bromure d’argent. Ce sont des plaques sèches, plus facile d’usage et 40 fois plus sensibles que celle au collodion humide. Le temps d’exposition en studio, avec éclairage naturel, est réduit à aussi peu que 5 à 30 secondes, ce qui offre une nouvelle approche pour la production de portraits.
Notion de la pureté photographique
Cette polémique venant d’Europe, 1850, initiée par les peintres portraitistes qui voyait leur métier menacé par l’arrivée de la caméra. Pendant la période des pictorialistes, les photographes doivent coexister avec les peintres traditionnels, qui font tout pour protéger leur chasse gardée de l’industrie du portrait. Un photographe pictorialiste devait se distinguer en offrant un produit d’inspiration artistique, avec des prises d’image floues, des post-traitements chimiques variés, afin de compenser l’aspect mécanique de la caméra.
Notman n’hésitait pas à apporter des retouches directement sur le négatif (des plaques de verre). Le positionnement de Notman est équivoque sur le grand débat pictorialiste. Il a produit de nombreux portraits de facture moderne, mais il retenait également les services de peintres qui retouchaient allégrement les clichés originaux.
Dans le grand débat entre les modernistes et les pictorialistes, on a parfois fait référence à Notman comme un tricheur. On faisait référence aux modernistes avec des commentaires réducteurs tels ”artistes machine”, d’art automatique, mécanique. En opposition, les pictorialistes étaient des romantiques incapables de véritablement créer de l’art. Ce débat aura cours jusqu’aux années 1920, après quoi le mouvement moderniste s’est définitivement imposé.
Photographie composite du 19e siècle
La production de photographies composites tels que pratiquée par Notman a été discrédité par les modernistes du XX siècle comme un manque de goût de type ‘’niveau riche’’ de l’époque victorienne. L’utilisation de la photo composite permet de résoudre plusieurs des problèmes techniques du début de la pratique photographique, particulièrement l’exigence les expositions longues et le défit des photos de paysages.
Lors de la prise d’images extérieures, les procédés photographiques ne permettaient pas de capturer la partie non réflective des paysages tels les plans d’eau et le ciel toujours trop clair. Il était donc plus simple de peindre le ciel et les surfaces d’eau.
Pour ce qui est de constituer un large groupe pour la prise d’une photo, plusieurs problèmes se posent: obtenir une qualité équilibrée d’éclairage sur l’ensemble d’un tableau et des expressions des personnages harmonieuses. Ainsi, si on prend chaque personnage individuellement, il est possible d’assurer l’assemblage et la composition générale en assurer la qualité de l’ensemble.
L’exemple le plus connu d’une image composite est le panorama du Skating Carnaval de Notman (1870). C’est une création artistique d’un évènement historique : la visite du prince Arthur à Montréal lors de l’inauguration du pont Victoria. Chaque personnage est d’abord posé en studio en costume de bal avec une prise d’image individuelle. L’ensemble des personnages sont ensuite assemblés sur le canevas final en tenant compte de la perspective et de l’interaction entre les personnages.
L’œuvre originale mesure 20 x 27 ½ pouces. Photographiée de nouveau, l’image finale est reproduite dans un format de 37 ½ x 53 ½ pouces, faite à partir d’une projection sur un canevas enduit d’une émulsion photosensible durant plusieurs heures, puis lavée et tendue.

L’œuvre maîtresse de Notman, le composite “Le carnaval du patinage”, produite en 1870 en l’honneur de la visite du prince Arhur, tel que présentée à l’exposition du Musée McCord en 2017. Plus de 300 photos individuelles sont regroupées avec un arrière-plan peint afin de produire la photographie finale. Cette production refèlte l’approche novatrice de Notman et la capacité de production de son équipe d’artistes et de techniciens.


Madame Prior (1870), pose pour la photo composite le Carnaval de patinage (coté droit), avec le style “Girl of the Period”. Elle serait aujourd’hui une Instangrammeuse aguerrie, car on l’a souvent notée dans les photos de Notman. Ultrachic, Mme Prior porte sur la tête un chapeau garni d’un écureuil empaillé, et les restes de la robe qu’elle avait utilisée quelques années plus tôt.
1856: Notman s’installe à Montréal (de Glasgow, pour fuir des accusations de fraude commerciale)
1856: il entreprend de documenter la construction du pont Victoria
1858: il obtient le contrat de photographier la construction du pont Victoria (allors la 8e merveille du monde)
1860: agrandie studio au 7 et 9 Bleury
1870: un personnel de 55 employés, avec 14 studios au Canada et aux États-Unis
1870: production du composite Carnaval de patinage, à l’Hotel Windsor, à l’occasion de la visite du prince Arthur à Montréal
1875: contrat de documentation de la construction de la voie ferrée trans-canadienne
1876: achète la fameuse maison au 51 Sherbrooke ouest
1878: participe à l’exposition universelle de Paris et gagne une médaille d’argent pour la photo composite ”Montreal Snowshoe Club”
Carrière, William Notman

1891: William décède, son frère et son fils continue les activités commerciales
1955: Décès de Charles, archives du studio vendues à un consortium structuré par l’Université McGill, et transférés au musée McCord.
Références, William Notman
Archives de la collection Notman, Musée McCord
Notman, Photographe visionnaire, 2016, Musée McCord (catalogue de l’expositon Notman)
Portrait of visionary photographer at McCord Museum, (2016) The Montreal Gazette
Dr. Jeanne S. M. Willette and Art History Unstuffed
Flickr, The Commons Collection de photos de Notman
La gestion des archives photographiques (2003) Presses de l’Université du Québec